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PHOTOGRAPHE

Patricia Canino

Patricia Canino est une artiste contemporaine qui expérimente le médium photographique autant dans sa capacité à créer du sens que dans sa matérialité. Utilisant des croisements de techniques pour mieux s’en libérer, elle crée des formes inédites qui donnent à voir l’étendue de ses réflexions. Elle utilise la photographie et ses outils comme autant de moyens d’aboutir à des expériences esthétiques qui soient dans le même temps des expériences
 de distanciation par rapport au réel, cherchant sans cesse cet écart entre notre perception du monde tel qu’on le perçoit et tel qu’il se donne à voir.

Aux sources de la photographie, ses recherches s’appuient résolument sur l’évolution des lumières, sur les inversions chromatiques, sur les effets de la lumière sur la matière. Faisant appel au cognitif, elle joue sur la perte de repères du spectateur, pour l’emmener aux frontières du réel, vers l’imaginaire, sans que l’abstraction ne soit jamais totale. De cet équilibre fragile, elle fait sa force. Qu’elle s’intéresse aux bords de mer, aux flots sombres, aux glaciers ou aux vêtements de haute couture, tout devient matériau brut pour créer de nouvelles formes.

S’extraire du réel pour en proposer de multiples significations, le réinventer. Surtout, ce mode d’expression lui permet de saisir la beauté de l’instant, une beauté à partager. Aussi à l’aise dans l’univers de la mode et du vêtement dont les architectures lui permettent d’explorer les lignes de fuite, les mouvements et les structures (comme ce fut le cas sur les transparences dans le travail d’Yves Saint Laurent pour le Musée de la dentelle de Calais), que dans les univers où la Nature est reine, elle est aussi une chercheuse au sens où son travail de post-production est indissociable de sa quête plastique.

Bergson et le « cinéma intérieur » ne sont jamais loin quand on contemple
 le travail de Patricia Canino. Car 
si le travail photographique est intrinsèquement celui de l’image fixe, force est de constater que la photographe est une artiste sans cesse en mouvement. Par sa quête de bousculer les lignes, de fixer de nouvelles frontières, Patricia Canino s’inscrit dans cette réflexion propre au philosophe sur les expériences perceptives de la réalité, liées au flash
de l’instant, à la fragmentation du
temps et de l’espace, à l’accident, à
la vitesse, au rapport à la machine. Bergson nous dit qu’il faut « s’installer dans le mouvement », qu’il faut entrer en sympathie avec le monde, se transporter à l’intérieur des objets « pour coïncider avec ce qu’il a d’unique et par conséquent d’inexprimable ».