Depuis l'apparition du mobile, qui d'entre nous n'a jamais succombé à la pratique du selfie ? Il est devenu si courant qu'on en oublierait presque son ancêtre ! L'autoportrait est pourtant une constante dans l'histoire de l'art et des modes de représentation de nos (é)mois intérieurs. De Van Eyck à Egon Schiele, en passant par Van Gogh, Matisse ou Picasso, qu'ils soient peintres, photographes, sculpteurs, écrivains ou dessinateurs, les artistes n'ont céssé d'explorer leur propre mystère ou de fixer une trace de leur existence.
Autoportrait avec masque, Crystal Palace, 9 avril 2020
Dans cet exercice vertigineux du « je est un autre » , le photographe et réalisateur Raphaël Neal explore à son tour ses multiples facettes en s'incarnant dans les personnalités les plus mythiques du cinéma hollywoodien des années 1930 à 1950. Dans cette quête identitaire en 42 autoportraits, le glamour côtoie le gore, la star est bientôt déchue, le succès est l'avant-scène du désespoir et la violence est partout où les acteurs deviennent prisonniers de leur image.
L'écran de fumée, série Hollywood Nightmares, autoportrait Londres février 2021
Revisitant ces classiques de représentation de la beauté façonnés par le cinéma américain, Raphaël Neal fait une brillante démonstration de ce que le philosophe Edgar Morin annonçait dès 1957 dans son livre Les Stars : ces dernières sont à la fois marchandises et idoles, divines et mortelles. Le star-system s'écrit aujourd'hui sur les réseaux sociaux. Sommes-nous tous des stars en puissance qui s'ignorent ? Ou le règne du selfie relèverait-il d'un simple besoin d'extimité, comme l'a théorisé le psychiatre Serge Tisseron ?
Matinée Idol, série Hollywood Nightmares, autoportrait Londres février 2021
Au micro de Yannick Le Guillanton, Raphaël Neal vous en dit plus sur son incroyable série d'autoportraits réunis dans un livre intitulé « Hollywood Nightmares », paru récemment au Bec en l'air. Belle écoute.
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