Une soirée-événement pour mettre à l’honneur l’Islande au travers du livre et de l’exposition SAGAS.
/// SAGAS-Islande : un livre + une exposition ///
Depuis plus de dix ans, Olivier Joly sillonne l’Islande par ses pistes et ses sentiers. Il a foulé les landes hyperboréales, arpenté les déserts et les volcans, s’est laissé happer par l’immensité du ciel. Par-delà l’étrangeté des paysages et la force des caractères, il a saisi les émotions brutes éprouvées sur cette terre volcanique. Son regard en noir et blanc, langage d’un temps immémorial, nous emmène entre imaginaire et réalité vers une Islande intemporelle. L’Islande aux paysages oniriques, au climat dantesque, aux 130 volcans actifs, où un peuple a appris à vivre au contact d’une nature ardente qui aura toujours le dernier mot.
En chemin, il a croisé des femmes et des hommes sculptés par le vent et les embruns. Gens de peu de mots, leur existence a été dessinée par les aléas telluriques, le climat et l’insularité. Leur âme est toujours baignée des sagas, ces récits médiévaux où se mêlent guerres et amours, fin du monde et résurrection. « Thetta reddast » est leur devise, forgée par douze siècles de résilience. Elle dit : « Mais oui, tout finira par s’arranger… »
Sous le regard d’Olivier Joly, les éleveurs se rendent toujours dans les montagnes pour une transhumance millénaire. Les chevaux galopent dans la toundra, les pêcheurs bravent l’océan, les enfants font de la liberté leur plus beau terrain de jeu. Empruntant les chemins de traverse, il a porté ses pas dans les régions oubliées, guettant le clair-obscur, défiant le contre-jour, sortant son appareil photo sous la pluie et dans le blizzard. Ses images partagent l’instant d’une lumière rare, l’estampe d’une brume, le vol suspendu d’un nuage. Elles suggèrent le sifflement du vent, le chant des ruisseaux, le fracas des cascades, le silence de la neige, la solitude et l’isolement.
« Olivier Joly s’est piqué le cœur en Islande. »
François de Closets
/// L’exposition SAGAS au sein de la résidence de l’ambassadrice d’Islande, du 13 mai au 30 juin 2022 ///

La soirée-événement du 17 mai 2022

Les mots d’Olivier Joly, que nous reproduisons ici, ont été le point de départ de cette soirée exceptionnelle du 17 mai, organisée pour réunir les amoureux de l’Islande autour de l’exposition SAGAS. Ils nous éclairent sur la manière dont Olivier est devenu lui-même un Islandais de coeur, et seront de précieux guides pour tous ceux qui souhaiteraient à leur tour arpenter ces terres.
« Après deux premiers voyages en 1998 et 2002, j’ai redécouvert l’Islande en 2009. Comme la plupart des voyageurs, j’ai d’abord été happé par la beauté unique des paysages, et leur étrangeté. C’est ce que j’ai d’abord cherché à saisir dans mes photos en couleur.
Avec le temps je me suis éloigné des lieux les plus touristiques. J’ai beaucoup arpenté les Hautes terres, qui représentent près de la moitié du pays. C’est un territoire dont l’accès n’est ouvert que durant les 3-4 mois d’été, où l’on ne trouve ni route, ni hôtel, ni restaurant, pas même un panneau publicitaire. Ce sont des collines, des montagnes multicolores, des déserts austères, une myriade de lacs, de rivières, des cascades, un ciel immense. Les espaces les plus sauvages d’Europe. Des lieux uniques, d’une beauté époustouflante où l’on se retrouve nu face-à-face avec la nature.
Un jour, j’ai fait une rencontre marquante, alors que je traversais un désert de sable noir: celle d’éleveurs, accompagné de dizaines de chevaux galopant en liberté, en train de pratiquer une transhumance traditionnelle, millénaire, appelée réttir. (Il faut imaginer des hommes et des femmes, à part égale, sillonner un territoire vierge grand comme un département, extrêmement vallonné, pour y retrouver les brebis et les agneaux…
Dès lors, j’ai voulu montrer les paysages mais aussi les visages de l’Islande. On oublie parfois que ce pays grand comme un cinquième de la France est peuplé, pour l’essentiel, par des descendants de Vikings qui se sont installés sur une terre alors inhabitée au IXe siècle, et sont parvenus à y conserver, presque intacte, leur langue originelle.
SAGAS, le livre et l’exposition, explorent le lien entre cette terre à 99% volcanique, située aux franges du cercle polaire, et ce peuple qui a décidé d’y survivre en dépit de tout. Pour faire face aux éruptions, et autres aléas de la vie, qui pouvaient parfois rayer leur ferme de la carte en quelques secondes, ces insulaires ont fait preuve de vertus cardinales: l’indépendance, l’audace, l’esprit d’initiative, la résilience…
C’était tout simplement les conditions de leur survie. Ces vertus, ce lien viscéral à la nature, se retrouvent dans l’Islande d’aujourd’hui. Qu’il s’agisse des éleveurs, des pêcheurs. Ou de ces entrepreneurs, artistes, écrivains, pionniers des biotechnologies, acteurs de l’environnement… qui ont fait de l’Islande l’un des pays les plus dynamiques qui soient.
Pour explorer ce lien millénaire, j’ai choisi le noir et blanc. C’était une manière de moins montrer l’Islande, ce que j’avais fait dans mon livre précédent, « Quatre saisons en Islande », et de plus la suggérer. De faire sentir sa texture minérale, son côté abrasif, rocailleux, mais aussi la douceur des mousses et des prairies, la caresse du vent, le chant de pluie, la puissance des éléments naturels, omniprésents
Ces images veulent faire entendre le grondement de la terre, le craquement de la glace, le chuchotement des ruisseaux, le fracas des cascades… Et, peut-être plus que tout, le silence des paysages enneigés, et le sentiment de solitude, voire d’isolement qu’on éprouve sur cette terre. Et qu’on retrouve souvent sur les visages des islandais.
Lorsqu’on me demande pourquoi, alors que le monde est si vaste, je retourne si souvent dans ce pays, plus d’une vingtaine de fois, près de 3 ans de ma vie, ma réponse pourrait prendre des heures. Si je devais le dire en quelques mots : je m’y sens plus vivant que partout ailleurs. Lorsque je l’ai découvert, j’étais journaliste, photographe. Grâce à l’Islande, j’ai donné des conférences, à guider des voyageurs, à qui j’ai fait découvrir les plus beaux endroits de ce pays, et à qui j’ai appris à les photographier. Je n’habite pas en Islande, mais l’Islande l’habite. »


À droite : madame l’ambassadrice Unnur Orradóttir Ramette


À droite : François de Closets et François Peltier (groupe TGS)



