Eric Antoine présente une photographie introspective qui a donné lieu à de nombreuses expositions, à un premier livre Ensemble seul en 2015 et maintenant à ce nouvel opus Useful Lies.
Depuis plus de 10 ans, l’artiste se consacre au processus du collodion, plaçant la tangibilité des images au cœur même de sa quête. Dans une approche qui peut s’apparenter à la sculpture, Eric Antoine produit des photographies scintillantes et argentées qui sont également des objets. Sans la moindre trace de nostalgie, sa démarche est une discipline émancipatrice. En s’assurant de la maîtrise totale de son processus, le photographe opère une fusion idéale entre la forme et l’esprit, entre la recherche artistique et son histoire la plus intime.
« Le travail de l’artiste est indissociable de sa vie, dans ses aspects les plus quotidiens comme dans ses quêtes essentielles. Eric Antoine questionne la fuite du temps, la mémoire, la cicatrisation des plaies et l’espérance, discrète et immuable. Symboles et allégories dessinent la géographie de l’esprit du photographe. La sensation d’isolement, véritable fil conducteur de son œuvre, révèle le choix d’une vie au cœur de la nature, loin du fracas du monde. Cette solitude est aussi bienfaitrice qu’elle est fertile. Elle est une distanciation qui laisse à voir le monde et ses dérives avec clairvoyance. Tout en suggestion et subtilité, les œuvres de l’artiste dénoncent fermement la quête du sensationnel.
De cette réflexion naît une quête d’épure toujours plus poussée. La simplicité de ses natures mortes, la pureté de ses paysages reflètent un minimalisme obsessionnel. Le regard, débarrassé de ce trop plein perturbateur, se pose enfin sur la beauté d’une tache de lumière, la délicatesse d’une pile de papiers oubliés, la lumière sur un flacon, un reflet sur la peau…
L’artiste s’attache patiemment à montrer une réalité objective, sans jamais se départir d’une sublimation esthétique. À la vue de ses représentations précises d’objets, nous pourrions croire qu’il renouvelle la pensée de la nouvelle objectivité allemande. Paradoxalement, il embrasse pourtant parfois les défauts, coulures et caprices du collodion humide, se rapprochant ainsi d’une démarche plus pictorialiste.
La pratique photographique d’Éric Antoine est en réalité satellite. Son œuvre synthétise pour mieux les contourner ces deux courants de l’histoire de l’art a priori irréconciliables. Ce faisant, il interroge le statut de l’image dans nos sociétés contemporaines, dénonce les tourments du monde et invite à se délecter des beautés les plus simples et dissimulées. »
Très belles photos. Presque un support de méditation.
Très bel ouvrage… en attendant les suivants