Podcast « L’Œil écoute » #19 : Almudena Romero, le végétal et l’éphémère, points de départ d’une œuvre où pratique photographique et réflexion sur le médium sont indissociables.
Quel est l’impact de la photographie, dans sa dynamique de production, sur notre environnement ? De quelle manière le médium est-il soumis lui aussi aux diktats d’une logique de consommation et d’épuisement des ressources ? Comment concilier son métier et les valeurs qu’on défend ? Comment adapter sa technique à ses préoccupations profondes ? Que peut dire la photographie de la transmission, de l’héritage, du lien entre les générations ? Et, finalement, quel est le rôle d’un artiste ? Quand sa pratique devient-elle naturellement la source de son œuvre ?
Ce sont toutes ces questions qui traversent l’entretien qu’Almudena Romero a accordé à Yannick Le Guillanton lors du dernier Paris Photo où son travail était exposé.
Lauréate de la Résidence BMW en 2020, celle-ci fait partie de ces artistes plasticiens engagés qui mêle la recherche formelle à une réflexion sur la technique elle-même. Consciente de l’éphémère des choses, de la certitude de l’incertitude, elle s’est intéressée à la manière dont la photographie peut et doit se tourner vers d’autres modes de production, et a utilisé le végétal plutôt que le chimique, la main plutôt que l’ordinateur, tout en expérimentant les potentiels de nouveaux processus de révélation où la nature aurait un rôle autonome.
Intéressée par les nouveaux concepts qui remettent en cause tous les acquis que l’on croyait intangibles, elle nous fait nous interroger sur l’évolution du médium à l’aune des nouvelles technologies virtuelles, tout en restant très ancrée dans le monde d’aujourd’hui, attentive aux choses, à leur matérialité. Ce faisant, et dans la continuité du travail d’un Allan Sekula, elle oscille entre le rôle du « critique » qui théorise le médium et celui de l’artiste visuel qui le pratique.
Elle sait que l’aléa est une donnée chaque jour plus prégnante dans nos vies, nous empêchant parfois de nous projeter vers l’avenir. C’est donc au cœur de l’éphémère et du pouvoir de la nature qu’elle inscrit sa pensée critique, ses méthodes et ses explorations qu’elle organise par série : « Faire une photographie », « The Act of Producing » ou « Family Album ». Une originalité d’approche très séduisante ces dernières années, au moment où il est urgent de faire coexister réalisme technique et écologique.
