Par Estelle Decléènne, photographe urbex et « archéologue de la mémoire », comme elle se définit elle-même, à juste titre…

Jamais événement n’a aussi bien porté son nom que les Rencontres d’Arles. On le doit sans doute à Michel Tournier qui avait la valeur du mot. Rencontrer : aller vers l’autre quand l’autre vient à vous. Une énergie magnifique, surréaliste presque, pour le photographe solitaire par essence dans sa démarche.
Car, oui, Arles, pour moi, a été une vraie rencontre. Elle débute avec celle de Brigitte Trichet, fabuleuse alchimiste des éditions Hemeria, qui est venue pêcher en moi le poisson des abysses, celui qu’on ne voit pas, qu’on ne saisit pas, qui trace sa trajectoire dans l’ombre et qui redoute la lumière. Sa confiance, son écoute et son amour inconditionnel des photographes ont amené les montagnes à se rencontrer.
Photographe de lieux abandonnés, je passe mon temps à rechercher ardemment ces endroits ignorés de tous, habités d’âmes errantes et dépouillés de toute autre forme de vie au-delà du végétal.
À l’invitation de Brigitte, je vacille, je comprends rapidement qu’elle ne me propose implicitement rien de moins qu’une catharsis. Accoucher de moi-même en parlant pour une fois de mon travail au-delà de l’image. Demain à Arles, il n’y aura plus l’objectif pour faire bouclier.
Pour affronter cet auditoire nouveau, j’ai eu la chance exceptionnelle de me retrouver dans une communauté bienveillante, amicale et attentive de photographes sélectionnés par Hemeria.
Une famille insoupçonnée qui m’a portée à rencontrer un public riche, animé de passions et de curiosités.
Générer l’indifférence ou l’enthousiasme, parler de son travail sans connaître son auditoire mais peu à peu aller au fond des choses par le verbe, se découvrir en faisant découvrir.
Un arène sans lutte, sans jeux ou faux semblants, des Rencontres, tout contre…
Retrouvez le travail de la photographe Estelle Decléènne sur son site.
Toutes les photographies publiées dans cet article : © Estelle Decléènne